Ferdinand, Joseph, François, Favre est né à Nernier le 2 février 1800. Issu d'une famille de paysans, il fait ses études au collège de La Roche sur Foron, puis au Grand Séminaire de Chambéry
alors rattachée au Royaume de Piémont-Sardaigne. Par la suite, il devient alors précepteur dans la famille d'Antioche résidant au Château de Nernier.
Avec la création du Grand Séminaire à Annecy, il y est ordonné prêtre. Nommé au collège de Mélan, il y reste peu de temps, et doit se faire soigner à l'hôpital de Thonon.
Jugé trop fragile psychiquement, il rentre dans sa famille à Nernier.
Vers 1820, en l'absence d'école et par amour pour son village, il devient instituteur auprès
d'une quarantaine d'enfants de Nernier et des villages voisins. Comme il n'existe pas de bâtiment approprié, il décide d'en construire un, bien qu'il ne dispose pas de moyens financiers.
Il profite des récréations pour transporter à l'aide de ses élèves, le sable du lac et des pierres, à l'endroit où doit s'élever la nouvelle école.
Ce lourd travail achevé, un don de 3 000 francs du Marquis Costa de Beauregard, permet de terminer l'édifice en 1836. Ce bâtiment est baptisé "l'Académie".
Elle existe toujours à l'entrée du village, après avoir été école laïque, mairie puis Poste jusqu'à sa suppression. Aujourd'hui, c'est un bâtiment communal.
Ayant eu l'opportunité de rentrer au Collège Romain (à Rome), il y étudie la théologie, et, reçoit en récompense une médaille de vermeil.
A son retour, il devint précepteur des enfants du Marquis Léon Costa de Beauregard.
Plus tard, toujours animé du désir de convertir le Pays de Vaud, il retrouve un compatriote, l'abbé Vandel, curé à Nyon (VD), pour l'aider gratuitement. Mais son prosélytisme ayant incommodé
les notables protestants de la ville, il doit regagner Nernier.
Aussitôt rentré, il se met au travail pour bâtir une nouvelle école ("congrégationiste"). Il emploie les mêmes moyens que la fois précédente. Le bâtiment est appelé "Maison Saint François".
En 1849, trois religieuses de Saint Joseph d'Annecy s'y installent pour enseigner "l'art du ménage" aux jeunes filles. En 1901, avec la Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'école des
garçons devint laïque et mixte, elle a continué à scolariser les enfants de Nernier jusqu'aux années 1990.
Quant à l'école des filles, elle est fermée peu avant la Seconde guerre mondiale, les sœurs de Saint Joseph se regroupant à Annecy. Construite sur un terrain de la famille d'Antioche, châtelains de Nernier, elle devient presbytère, puis est louée à des particuliers avant d'être finalement vendue aux derniers occupants qui y demeurent toujours.
Le zèle inguérissable de l'abbé Favre ne s'arrête pas là, il résout d'élever une chapelle votive à la Vierge, sous le nom de Notre Dame du Lac.
La Chapelle est édifiée vers 1860 sur le terrain dit "La Luche du Cros", à l'écart de Nernier, sur les hauteurs d'où l'on pouvait voir le lac et le Jura.
Il est vendu en 1856 à l'abbé 50 frs par la commune car elle estime que "l'établissement et la conservation de cette Chapelle est tout en faveur des intérêts matériels, religieux et moraux des habitants de cette Commune".
Cependant la taille de la parcelle n'est pas suffisante. L'abbé s'adresse au Comte d'Antioche pour bénéficier
d'un don et du pré adjacent. Ce qui lui est accordé.
Sa construction nécessite des moyens plus importants que les deux écoles du village.
Au départ, ce sont les hommes de Nernier qui montent les pierres dans des hottes placées sur leur dos. Puis des ouvriers sont nécessaires, mais il faut les payer !
Or l'abbé n'a pas un sou !
Aussi a t-il l'idée de se faire "chiffonnier" en récoltant toutes sortes de choses avec lesquelles il organise des "bazars de charité" comme il est d'usage à l'époque
(nos vide greniers actuels !)
L'abbé part quêter à Paris, à Lyon, dans de riches familles généreuses,
il rapporte tout ce qu'on lui donne...
A son retour, de grands bazars sont organisés où les habitants de la région courent s'approvisionner. Chaque année lui permet de récolter de 1 500 à 2 000 francs, avec lesquelles il peut régler
les ouvriers.
La famille vaudoise Frossard de Saugy l'aide beaucoup par des dons importants ;
de même la famille Costa de Beauregard et le Comte d'Antioche.
Pour l'inauguration de la Chapelle, une magnifique fête avec une messe solennelle y est célébrée et les années suivantes on y organise un "Triduum" grandiose
où beaucoup de pèlerins accourent.
La pensée profonde de l'abbé Favre est : "le désir de faire du bien aux âmes et de les rapprocher de la vérité catholique". Pour lui, la conversion est un "miracle de Dieu".
"Ma Chapelle", disait l'abbé Favre, "sera dédiée à Marie et s'appellera "Notre dame du Lac" pour les pêcheurs et les naufragés à la suite des terribles tempêtes du Lac.
Aussi, pour la conversion du Pays de Vaud et le maintien de
la religion catholique en Chablais.
L'abbé n'assiste pas à la consécration de la Chapelle qui réunit tout le pays. Il meurt le 5 mai 1876, il est enterré dans la Chapelle suivant son désir.
La Chapelle est ouverte au culte, par l'archiprêtre Duret de Massongy, l'abbé Mermilliod, les Pères Capucins de Concise (Thonon), y organisent des célébrations.
En mai 1940, une néronienne de souche, Melle Marie Taponnier, fait à Notre Dame du Lac le vœu de faire dire une messe annuelle à perpétuité, avec procession, pour protéger les habitants de Nernier des dangers de la guerre.
Par la suite, la Chapelle connait quelques vicissitudes. Devenue propriété des sœurs de St Joseph d'Annecy, celles-ci la donnent à Mr de Frossard de Saugy, lequel la remet à son tour à l'abbé Ernest Costa de Beauregard. Ce dernier en fait don en 1926 au Baron Chaulin. Pour finir, c'est Mme Marie Véra de Leusse, sa fille, qui en 1971 en fait le don définitif à l'Association Diocésaine d'Annecy et à la Communauté Paroissiale.
Une Association Notre Dame du Lac se crée en 1988, sous la Loi de 1901.
Elle est recréée en 2012 aux fins de poursuivre des travaux indispensables.
C'est alors que la municipalité de Nernier propose d'aider à sauvegarder la Chapelle. Elle est intégrée au patrimoine de la commune, aux fins d'en faire un lieu d'animations culturelles et culturelles.